À un très jeune âge, j’ai sauté des classes, ce qui a entraîné un profond ennui au secondaire. J’étais le plus jeune et la différence ne plaisait pas. Mon père, strict, a fini par m’imposer un choix : école ou travail. Pour me convaincre de l’intérêt des études, il m’a trouvé un emploi comme balayeur de rue. Après quelques mois à manier un balai, mes collègues m’ont confié des tâches plus techniques, et je suis devenu dépanneur.
En parallèle, je passais du temps au Tandy de la Cage aux Ours, fasciné par les ordinateurs TRS-80. Le patron, M. Boulanger, voyant mon acharnement, m’a proposé de donner des cours d’informatique aux clients. J’avais 14 ans.
Plus tard, j’ai décroché un emploi au Pathé Marivaux comme opérateur de cinéma. Mon expérience initiale était limitée à un projecteur Super 8 en plastique, mais j’ai rapidement appris sur le tas. En parallèle, j’ai rejoint la FNAC Bruxelles en tant que vendeur en informatique. Lorsque l’équipe de la FNAC Liège est venue à Bruxelles pour être formée, j’ai formé Christos, qui a gravi les échelons pour devenir responsable, puis directeur de la FNAC Liège, et plus tard directeur de la FNAC Belgique.
J’ai ensuite travaillé chez EIA, où j’ai conçu un système de supervision pour le viaduc de Beez, permettant d’éviter des accidents en cas de brouillard. Ce système a été reconnu comme unique en Europe. Suite à la fermeture d’EIA, certains clients ont demandé à poursuivre leur collaboration avec moi.
C’est alors que Christos, sachant que je programmais déjà sur ARM avant que ce processeur ne devienne courant, m’a mis en relation avec deux clients cherchant un développeur pour une collaboration. Curieux, je suis allé les rencontrer à Liège en 1987 ou 1988. Séduit par leur projet, nous avons fondé ensemble Elitech, qui est devenue une S.A. en 1990. Nos premiers contrats ont été facilités par mon réseau de clients issus d’EIA.
En 1993, nous avons présenté le premier EEG monopolaire au monde et remporté le prix du concours Roi Baudouin pour innovation technologique. Nos travaux en neurobiologie, notamment sur le brain mapping en temps réel, nous ont permis d’être reconnus. Malheureusement, la Région wallonne a cessé son soutien en 1994. Elitech a été rachetée par le Groupe Richard Flamée, ceux-ci étaient intéressés par nos compétences en informatique, électronique et gestion de projet.
Ce qui devait être un contrat de six mois est devenu une collaboration de 18 ans. J’y ai développé de nombreux projets industriels, notamment des ERP et l’automatisation du premier pont roulant entièrement automatisé d’Europe. J’ai également collaboré avec l’astrophysicien Danielle Malaise sur le projet Visionic. En parallèle, j’ai travaillé sur l’informatique embarquée d’une roquette guidée par laser (SAL).
J’ai rencontré Xavier de manière fortuite et j’ai apprécié sa vision des véhicules électriques, qu’il voyait comme des jouets : « les piles sont plates, il suffit de les remplacer ». Ensemble, nous avons conçu un prototype 100% belge en partant d’une feuille blanche. Les seuls composants fournis par Peugeot étaient la colonne de direction, la direction, les commodos et le volant. Tout le reste est issu de ma vision d’un véhicule électrique : léger, avec une autonomie optimisée et un ratio idéal entre l’énergie de la batterie et l’acheminement du conducteur et des passagers d’un point A à un point B. Notre véhicule pesait moins de 600 kg, batterie incluse, tout en pouvant supporter une charge de 350 kg pour trois places. Il était conçu avec trois roues, mais en réalité, il possédait quatre roues dont les roues arrière avaient un empattement de 45 cm, ce qui le classait comme un véhicule de type L7 trois roues. Il offrait une autonomie de 300 km, d’où son nom eCar333. Le site Caterpillar nous avait été promis pour l’industrialisation, mais il a finalement été attribué à des constructeurs chinois qui n’avaient qu’un projet sur papier. Malgré cela, ils ont obtenu 50 millions d’euros pour leur projet inexistant, tandis que nous demandions seulement 4 millions d’euros pour produire notre véhicule sur ce même site. C’est ainsi qu’eCar a fait faillite.
Malgré tout, Liège m’a offert les plus belles années de ma vie. J’y ai fondé ma famille : Janelle en 2000, Rachel en 2004 et Raphaël en 2013. Après mon divorce en 2013, je me suis consacré à mes enfants, ma plus grande priorité.
Aujourd’hui, après une carrière riche en expériences et en défis, mes projets se tournent vers l’avenir de mes enfants et, qui sait, de futurs petits-enfants à chérir.